« Émeutes et violence: les paradoxes de l’État de droit », in Émeutes, contestation et ordre étatique: Octobre 1988 – Octobre 1998 Perspectives comparées à partir du cas algérien, Didier Le Saout et Marguerite Rollinde éds, Paris, Karthala/IME, 1999

Emeutes et mouvements sociaux au maghreb

Il existe des degrés d’émeute. Toute l’histoire sociale, celle qu’offre les récits d’époques les plus lointaines jusqu’à ceux de l’ère moderne, l’illustre. Ce n’est probablement pas par hasard historique si cette récurrence parcours comme un flot, certes souvent désordonné, le mouvement des sociétés. On ne peut en tout cas éviter de supposer que puisse s’y loger une des sources, sinon la structure même, du changement social. Introduire ainsi le thème de l’émeute, n’implique nullement, bien que cela soit tentant, de s’abandonner à quelque acception téléologique de l’historicisme. Stipuler qu’il existe des degrés d’émeute revient certes, à identifier deux dimensions: l’une, verticale, qui hiérarchise les émeutes relativement à la force de leurs impulsions et à l’ampleur de leurs conséquences, l’autre, horizontale, qui met cette hiérarchie en perspective diachronique et observe comment son agencement s’inscrit, ou non, en cohérence avec un moment historique. Mais mettre à l’épreuve l’hypothèse d’un “ sens ” de l’émeute, identifiable tant dans l’enchaînement de ces impulsions, ou par le fait même de cet enchaînement, sur la courte et la longue durée, que dans l’agencement de ses niveaux d’intensité, efface l’intérêt pour la multiplicité des facteurs propres aux processus qui la façonne ; facteurs qui, éventuellement, peuvent s’inscrire dans une intention, rationnelle ou non.

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« Minorités et nationalisme dans l’État espagnol : Le cas Basque », Gestion des minorités, Edisud, Paris, 2007

Voir s’associer les notions de « mondialisation » et de « minorité » n’est un paradoxe que si la « mondialisation » est pensée comme un ordre assujetti à une intelligence unique, imposant, sous acculturation, ou par diffusion, des traits culturels et sociaux identiques à toute société constituée. Sans pousser le raisonnement trop loin sur les chemins de la causalité, qui nécessiterait un développement rigoureux impossible à faire ici, suggérons que la notion de « minorité » résulte d’un processus généré par les caractéristiques actuelles de l’économie. Deux arguments autorisent cette hypothèse : d’une part, la « mondialisation » crée des configurations sociopolitiques subalternes qui sont autant de dispositifs par lesquels la « valeur » se réalise et, d’autre part, parce qu’il en émerge des « minorités », la préoccupation gestionnaire de la « mondialisation », son gouvernement, s’accompagne de la recherche des modalités de leur administration. Connue aujourd’hui sous la catégorie politico administrative et idéologique de « gouvernance » ; c’est de cette façon que s’exprime l’unité entre le surgissement de « minorités » et la « mondialisation » qui le produit…

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