En dépit des transformations majeures que connaît l’espace monde, ce texte note la prégnance du nationalisme. Or, il observe que, dans le même temps socio-historique, le capitalisme tend à s’extraire de la Nation pour s’inscrire dans un nouveau temps : un temps marqué par un processus de «dénationalisation» qui entraîne l’effacement tendanciel de la culture nationale ! Pourtant, en effet, si celle-ci tend à disparaître reste l’idéologie nationale ! Cette dernière entend se légitimer par antithèse à la mondialisation idéologique en cours et pour servir de recours, certes précaire, à l’affirmation de l’identité nationale. Ce n’est donc pas la fin du « nationalisme », mais, tendanciellement, un « nationalisme » qui trouve son modèle dans la « résistance » à se qui en train de se décomposer ; une décomposition qui s’universalise. Le texte souligne ainsi la nécessité de disposer d’une grille d’analyse socio-historique qui prenne au sérieux les effets de génération comme rapport de classe et de domination qu’ils portent et qu’ils organisent. Dans la même perspective, sont examinés dans le comparatisme, les transformation de la ville au Maghreb, les effets de passage du local pré-national au libéral régionalisme et, dans le cas des analogies entre la Kabylie et la Catalogne, de l’impérialisme national au régionalisme impérial.
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« Révolution dans le Monde Arabe ou la démocratie inachevée », in Tra il nuovo e il vecchio : i cambiamenti politici nel nord Africa, Dir Antonio Sassu, AM&D Edizioni, Cagliari 2012
Peut-on encore supposer un « Monde arabe » et parler de « révolutions arabes » sans voir que c’est déjà faire preuve d’exceptionnalisme méthodologique ? La priorité est aux considérations enthousiastes et aux commentaires extatiques, sous la prédominance de sources que les chercheurs ont pour principe de mettre en doute ou de soumettre à l’analyse critique. Articulées l’une à l’autre, ces sources sont médiatiques, orientées par les postures idéologiques propres à chacune d’elle et partisanes, produites par des protagonistes guidées par les références doctrinales et objectifs des uns et des autres. Les exigences minimums d’une science sociale « normale » semblent y trouver laborieusement leur place, comme si elles n’étaient pas adaptées aux types d’objet ou aux processus représentés par les événements en Tunisie, en Égypte et dans les autres pays du pourtour méditerranéen.
L’article qui suit analyse le processus de formation des États nationaux nord africains, en mettant en lumière comment la matrice coloniale a conduit les colonisateurs à une sous-estimation de l’articulation ethnique, sociale et historique des populations colonisées. Cela a entraîné la construction d’une « unité nationale » et, dans la plupart des cas, à l’invention de types spécifiques de régimes politiques au pouvoir et à la marginalisation des mouvements sociaux, présentée aujourd’hui comme expression de la « société civile ». Ceci explique ainsi que les élites militaires, en couvrant un vide politicien et social, ont tenu un rôle central dans l’histoire récente de ces pays et ils en constituent encore une variable cruciale de l’évolution en cours.