Ce qu’on appelle désormais, la “crise du travail social”, s’enracine dans les années 1980. Les travaux en sciences sociales l’ont consacrée au point qu’elle est entrée dans le sens commun et qu’elle semble suffire aujourd’hui pour caractériser les professions rattachées. Globalement, les recherches paraissent s’accorder sur les points suivants. D’une part, les travailleurs sociaux sont des professions fragilisées, peu structurées dans un milieu
institutionnel complexe. La crise professionnelle est celle d’un secteur très subordonné.
L’État se reposant sur l’activité notabiliaire n’a pas créé de grand corps du social et ce secteur semble considéré comme mineur par la plupart des administrateurs de l’État, il l’est encore plus pour les animateurs du point de vue politique. D’autre part, le champ du social ne constitue pas un tremplin pour l’activité politique: il est l’apanage d’un personnel
politique secondaire, spécialisé et gestionnaire, notamment des femmes. De ce fait, les cadres du travail social ne sont que très rarement des interlocuteurs reconnus dans l’élaboration des politiques sociales. Les diplômes ne jouent pas un rôle suffisant dans la
structuration du milieu. La crise appelle de nouvelles pratiques et des adaptations découlant des nouvelles philosophies de l’action publique. Ces notions réinterprétées, remodelées, issues des sciences sociales, fournissent la trame pour tout une série d’approximations, de caractère impressionniste et idéologique cachant des intentions et des buts souvent inavoués. Reprenons, en s’efforçant de dissiper les zones d’ombre que peuvent impliquer ces analyses .