L’intérêt de l’analyse scientifique des formes associatives ne réside pas tant dans leur classification typologique – il en existe de nombreuses dont les critères appellent souvent des problématiques contradictoires -, que dans le dévoilement des mécanismes structurels du changement social. L’hypothèse développée ici pose le principe d’une théorie fondée sur le travail pulsionnel des processus d’auto-organisation, comme sa modalité initiale et nécessaire. Dans un premier temps, elle relève d’une socioanalyse du rapport entre différents sens: les sens technologiques qui organisent les pratiques de rationalisation du social et le sens commun comme résultat historique intériorisé de ces pratiques. Ainsi, consiste-t-elle à analyser ce va et vient entre les structures objectives de la société et ses formes cognitives – comment les agents sont, et ont été, amenés à donner du sens à leurs activités -. Cependant, cette voie féconde, en tant qu’elle vise à surmonter les problèmes non résolus hérités des approches structuro-fonctionnalistes, tend à désagréger la notion d’État. En effet, montrer l’État et la Société dans un rapport de fluidité où l’État est à la fois le produit des processus internes à la société et son constituant non séparé d’elle, revient à penser le changement social exclusivement en dehors des déterminismes fonctionnels par lesquels l’État parvient à assurer son primat sur la société. Ceux-ci concernent précisément l’activité de rationalisation, relativement à la gestion de sociétés soumises à la structure concurrentielle de l’économie de marché. Réintégrer l’État est le moyen d’objectiver les structures rationnelles, et leur conversion historique, conduisant son autonomisation fonctionnelle et systématique selon une logique interne économique et technologique, et d’explorer ce travail fait par la société sur elle-même pour, en parlant comme Durkheim, inventer des « choses » qui n’apparaissent pas comme un arbitraire s’imposant de l’extérieur aux individus.